Langues indo-européennes et autres familles de langues.
M E N U
Autres familles linguistiques.
Langues indo-européennes<>HITTITE<>Laryngales<>TOKHARIEN
La plupart des langues européennes (à lexception du basque, de lestonien, du finnois, du hongrois, du lapon, et de quelques langues de l'ensemble russe, comme le géorgien) présentent entre elles, tant dans leur grammaire que dans leur vocabulaire, des correspondances si nombreuses quil nest pas possible de les expliquer autrement que par une origine commune. Cette origine hypothétique est appelée indo-européen commun ("Urgermanisch" en allemand, bien que le germanique ne soit qu'une composante de la famille, et "Proto-Indo-European" en anglais).
Le sanskrit occupe une place de choix dans la famille IE ainsi que l'écrivait l'orientaliste anglais sir William Jones (1746-1794).
"La langue sanskrite, quelque ancienne quelle puisse être, est dune étonnante structure; plus complète que le grec, plus riche que le latin, elle lemporte, par son raffinement exquis, sur lune et lautre de ces langues, tout en ayant avec elles, tant dans les racines des mots que dans les formes grammaticales, une affinité trop forte pour quelle puisse être le produit dun hasard; si forte même, en effet, quaucun philologue ne pourrait examiner ces langues sans acquérir la conviction quelles sont en fait issues dune source commune, laquelle, peut-être, nexiste plus. Il y a du reste une raison similaire, quoique pas tout à fait aussi contraignante, pour supposer que le gotique et le celtique, sils ont été mêlés par la suite avec un parler différent, nen descendent pas moins en définitive de la même origine que le sanskrit; on pourrait ajouter en outre à cette famille le vieux perse." (Discours prononcé à l'Académie de Calcutta).
Déjà, dans son Essai sur les dieux de la Grèce, de lItalie et de lInde , Jones avait aussi remarqué que "lorsque des traits de ressemblance, trop forts pour être accidentels, sont observables dans différents systèmes polythéistes, on ne peut guère sempêcher de penser que quelque relation ait subsisté à une époque immémoriale entre les nations respectives qui les ont adoptés...Nous serons peut-être daccord que les Indiens, Grecs et Italiens procédèrent originellement dun même lieu central, et que le même peuple emporta sa religion et ses savoirs".
La "Grammaire comparée" de lAllemand Franz Bopp (1791-1867) et les travaux d'Antoine Meillet ont prouvé la justesse des vues de Jones. Par contre, la "mythologie comparée" indo-européenne dut attendre les travaux de G.Dumézil et d'autres savants pour rectifier les erreurs de Friedrich Max Müller (1823-1900).
L'orientaliste tchèque B. HROZNY (1879-1952) a initié en 1917 le déchiffrement du hittite à partir de la découverte de tablettes vieilles de 3000 ans par H.Winckler à Hattousa (aujourd'hui Bogazkoy, près d'Ankara, en Anatolie, Turquie). Benveniste et Kurylowicz ont poursuivi leurs travaux, en particulier sur le problème des laryngales du hittite.
Le premier mot qui attira l'attention fut le nom de l'eau : WADAR / WETENAS que l'on rapprocha du grec "húdôr", "húdatos", ombrien "utur", gotique "watins", anglais "water". On remarqua ensuite que le hittite possédait une déclinaison très semblable à celle du sanskrit ou du latin et du grec : Nominatif en -S, accusatif en -N (issu de *-M) et un pluriel en -ES.
De même, les désinences verbales sont : à la 1ère personne -mi et à la deuxième -si, comme en sanskrit et en grec.
Pour le parfait, le hittite a "punuir", soit une désinence de la 3ème personne du pluriel en -R comme en sanskrit.
En I-E, les trois genres grammaticaux sont tardifs.
A l'origine, et c'est le cas pour le hittite, masculin et féminin constituent un seul genre dit "animé". Les autres noms sont "inanimés" et correspondent au neutre. Cet archaïsme a laissé des traces en russe.
Le tableau ci-dessous montre la place du hittite dans l'ensemble indo-européen, tokharien excepté.
Proto-indo-hittite |
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Proto-anatolien |
Proto-indo-européen |
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anatolien hiéroglyphique, louvite, lycien, lydien. |
indo-iranien, grec, italique, celtique, germanique, baltique, slave. |
La théorie des laryngales (ou "théorie laryngaliste") remonte aux études du savant suisse Ferdinand de Saussure (1857-1913). Dans son "Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes" (1879), il établit que certaines voyelles longues provenaient en réalité de la combinaison de la voyelle a 1 (= e ) ou de la voyelle a 2 (= o ) avec des phonèmes appelés "coefficients sonantiques". Ainsi, la racine *dhe- , "établir", rapprochée de la racine *bher- , "porter" pourrait venir d'une racine plus ancienne *dhe + coefficient sonantique.
Le Danois Hermann Møller, désireux de trouver une origine commune aux langues indo-européennes et chamito-sémitiques (*), fit appel aux "coefficients sonantiques" saussuriens qu'il baptisa "laryngales", terme appartenant à la linguistique chamito-sémitique.
Par exemple, la racine *ag- , "conduire", serait issue d'une racine proto-indo-européen-sémitique *H-g-. De même, *dhe- , "établir", remonterait à *-T-Á-.
Le tokharien est attesté dans le Turkestan chinois entre le cinquième et le dixième siècle de notre ère, sous deux formes dialectales communément appelées le tokharien A et le tokharien B, ou koutchéen.
Le tokharien du Turkestan chinois et le hittite anatolien, bien que séparés par des milliers de kilomètres, ont des points communs et ont contribué, l'un comme l'autre, à préciser nos connaissances sur les origines de l'indo-européen (proto-langue).
Le tokharien est plus récent que le hittite et a été parlé jusque vers 500 après J.-C. Les linguistes ont eu la bonne fortune de découvrir des textes bilingues tokharien-sanskrits, des textes bouddhiques pour la plupart. Les deux variétés A et B de cette langue ont aujourd'hui disparu.
Les textes en dialecte B ont été édités en 1933 par S.Lévi et ont permis de mettre en évidence des caractéristiques qui font du tokharien une langue indo-européenne à part compte tenu de son aire d'extension. En effet, les linguistes distinguent deux grands groupes IE : le groupe SATEM à l'est et le groupe KENTUM à l'ouest (Ces deux mots désignent la forme générale du mot "CENT" dans les langues IE). C'est ainsi que le latin, le grec, le germanique appartiennent au KENTUM alors que le russe et le sanskrit appartiennent au SATEM. Curieusement le tokharien, situé pourtant très à l'est, appartient au KENTUM.
D'autres particularités d'ordre phonologiques (traitement des occlusives) et d'accentuation ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de l'ensemble des langues indo-européennes.
Langue religieuse de l'Inde ancienne, le Pâli est apparenté au Sanskrit. Le lecteur averti et sachant l'anglais pourra s'en faire une idée en cliquant sur le lien ci-dessous. Il remarquera les identités et les similitudes avec la grammaire sanskrite ainsi que le parallélisme avec le vocabulaire sanskrit. Il notera en particulier la disparition du K suivi d'une dentale du sanskrit au profit du doublement de la dentale (Exemple : RATTA- = RAKTA-). C'est le même phénomène phonétique qu'en italien par rapport au latin (PETTO - pecto / PITTORE - Pictor).
Le Pâli n'est pas un sanskrit "simplifié". C'est en fait une langue à part entière qui, par certains aspects (en particulier la généralisation du L vocalisé), possède des archaïsmes présents en sanskrit védique.
Télécharger le cours de Pâli de Nârada Thera (en anglais, 205 Ko)
Basque ou Euskara <> Inuktitut <> Chinois <> Berbère - Touareg
Le basque (euskara ou eskuara) est actuellement parlé de part et d'autre de la frontière pyrénéenne. En France, son aire d'extension s'étend sur la partie méridionale des Pyrénées Atlantiques. Il semble que primitivement, avant d'être confiné aux régions montagneuses, il s'étendait de la Catalogne à l'Atlantique et du sud de la Loire à l'Ebre. Langue "préhistorique", antérieure aux invasions indo-européennes, le basque pourrait représenter l'état linguistique d'une grande partie de l'Europe du sud-ouest au cinquième millénaire avant J.-C. Plus d'un million de personnes le parlent encore de par le monde. Un mouvement se dessine en faveur d'une unification de la langue sous un même concept de Basque unifié (Eskuara Batua).
Phonétique
Le basque comprend 5 voyelles a, e, i, o, u auxquelles il convient d'ajouter le ü pour le souletin (Région de Tardets). Elles ne présentent pas de difficultés particulières pour un Français et ne sont ni brèves ni longues.
La diphtongue la plus répandue est AU prononcée comme dans l'allemand "Haus".
Les consonnes sont celles de l'alphabet latin dont il utilise toutes les lettres sauf C, Q, V, W, Y.
Le G se prononce toujours comme notre G dans "gare".
Le J se prononce comme la jota espagnole en Espagne et Dj en France.
Le R est généralement fortement roulé dans le corps des mots (on écrit alors RR) et souvent muet ou à peine ébauché en fin de mot et dans quelques cas particuliers.
Le S et le X se prononcent toujours chuintés (comme dans notre mot "cheval"), jamais Z ou KS.
Les groupes ON IN AN UN ne sont jamais nasalisés comme en français.
Vocabulaire
Contrairement à une idée reçue, le basque comprend de nombreux mots monosyllabiques qui, en général, sont d'origine très ancienne pour ne pas dire préhistorique.
Une spécificité de la langue basque est qu'elle peut créer des mots de façon presque illimitée par composition d'éléments simples. "Téléphone", par exemple, pourra se dire "telefon" ou "urrutizkin", de "urrun" (loin), "hitz" (mot, parole) et le suffixe "-KIN" (agent, outil, etc.) :
" Le lexique nest pas fixé comme en français: chacun fabrique nombre de mots composés, parfois à laide de préfixes, souvent à laide de suffixes, comme en turc; on a dit avec raison que la composition en basque relève de la grammaire plus que du dictionnaire. Doù pléthore de synonymes: on a calculé que 120 000 mots basques servaient à traduire 21 000 mots français. " (Encyclopaedia Universalis)
Grammaire
Pas de genre grammatical, sauf exceptions dans la conjugaison. La déclinaison possède douze cas surdéclinables et la conjugaison utilise quatre auxiliaires et plusieurs semi-auxiliaires, présentant des formes unipersonnelles, bipersonnelles, voire tripersonnelles.
La relative indo-européenne est rendue d'une façon très originale par l'utilisation d'un suffixe.
Origines
Les avis sont très partagés quant à l'origine du basque. Un fait semble absolument certain : son antiquité.
On a proposé comme langues possibles de rattachement :
1° L'ibère ( Schuchardt). Cependant L. Michelena fait remarquer que ni l'ibère ni le basque ne connaissaient la "flexion interne" commune à larabe et au berbère. Malgré Zyhlarz qui a combattu la thèse de Schuchardt avec un succès quasi médiatique, l'absence de flexion interne ne prouve absolument rien quant aux origines du vocabulaire. Qui pourra dire dans un siècle ou deux que l'anglais est une langue germanique ? Il nest donc pas absurde de se pencher sur les affinités possibles du basque avec le berbère, et des savants comme Mukarovsky (et, à un niveau plus modeste, moi-même) poursuivent leurs recherches dans la direction des langues nord-africaines.
2° Langues caucasiques (eukaro-causasien, en particulier le georgien) ou encore le finno-ougrien.
3° Peut-être le Berbère. Voir Basque et Touareg
La sténographie au secours de la linguistique !
Dans les régions arctiques orientales, la langue inuit appelée Inuktitut est écrite en caractères syllabiques développés par des missionnaires du Labrador et de l'Ile de Baffin à partir de la sténographie de Pittman.
Pour plus d'informations : http://www.gov.nt.ca/
Contrairement au basque, langue d'importance primordiale mais minorisée, il est presque inutile de présenter le chinois qui passe pour une langue difficile bien que parlée par plus d'un milliard d'individus. L'expression "C'est du chinois pour moi !" traduit bien cette prétendue difficulté. Certes, il faut de la mémoire visuelle pour retenir la forme des idéogrammes mais la grammaire relègue celle du sanskrit au rang de "casse-tête chinois" !
La principale caractéristique du chinois réside dans l'existence de "TONS". Le pékinois connaît 4 tons permettant de distinguer le sens des idéogrammes homophones (qui se prononcent ou s'écrivent presque de la même façon). Par exemple, la syllabe MA peut signifier soit "cheval", soit "maman", soit "gronder" et d'autres sens encore selon le ton sur lequel elle est prononcée.
Ces 4 tons sont, dans l'ordre, MOYEN, HAUT, MODULÉ, RENTRANT, ce qui, pour les syllabes MA et BI, donne :
Cliquez sur l'icône pour écouter ... et retenez la "mélodie" !
Votre première leçon de chinois
Le Berbère est parlé de la Mer Rouge aux côtes de l'Océan Atlantique au-delà (Guanches des îles Canaries) par plus de 50 millions de personnes. Les populations berbères se comprennent mutuellement en raison d'une unité assez remarquable sur un territoire aussi étendu. Il ne faut surtout pas confondre le berbère avec les langues sémitiques (Arabe). Certes, une longue cohabitation explique la présence d'éléments sémitiques dans le berbère mais le vocabulaire fondamental est absolument original et n'est pas sans rappeler celui du basque. Voir : Basque et Touareg
Les langues d'origine berbère les plus connues en France sont le Kabyle d'Algérie et le Touareg du Maroc et du Mali. Je me suis particulièrement intéressé au Touareg.